De l’amour ou des solutions ?

De Eva Wissenz, 30. octobre 2021

 

Quand je pense aux moments difficiles que j’ai traversés par le passé, je me souviens que je n’avais pas besoin d’inspiration, d’encouragements ou de direction. Non, j’avais besoin d’humains qui avaient la force de me rencontrer dans ma fragilité, avec respect et même révérence, sachant que le cœur a beaucoup plus besoin d’amour que de solutions. J’avais besoin d’un espace dans lequel je pouvais penser exactement ce que je pensais, ressentir exactement ce que je ressentais, et me sentir belle, vivante et grande malgré tout, comme j’étais. C’est ce baume qui nourrissait mon âme et qui m’aidait à relaxer dans le mouvement naturel de ma vie intérieure.

Cette idée que notre épreuve doit servir à quelque chose ou qu’on est censé l’utiliser pour évoluer peut être si agressante lorsque ses flammes sont toujours en train de nous brûler, ou de brûler les autres. C’est une forme de violence qu’on s’inflige, les humains, de se demander d’être positif trop tôt.

Parfois, le courage ne nous demande pas de changer ou de surmonter nos peurs, mais simplement de les accueillir sans détourner le regard. Parfois, c’est juste de se détendre dans ce qui est – même dans notre anxiété, si c’est ce qu’on sent… De poser une limite doucement et fermement aussi parfois... De semer des fleurs exactement où l’on est. Et les fleurs ici ne sont pas une métaphore pour le bonheur, mais pour l’amour. Car on ne peut pas toujours choisir d’être heureux, mais on peut toujours choisir de s’accueillir, peu importe ce qu’on vit. Si on y pense, c’est la seule chose qui ne peut jamais nous être enlevée. C’est ce qui permet un bonheur de plus en plus réel et profond, aussi.

Et s’il y a effectivement quelque chose de beau et de lumineux qui peut émerger – et ce serait étonnant que ce ne soit pas le cas –, ce sera par ce chemin de tendresse et de vérité.

Mikko Lagerstedt est le photographe.