L’arbre de vie est en nous

De Eva Wissenz, 17. décembre 2017

 

La conférence Tedx censurée de Graham Hancock est très intéressante à plus d’un titre (merci Thomas Rossi).

Aux personnes accros à des substances, je dis parfois en accompagnement qu’ils ou elles sont des guérisseurs qui s’ignorent. Tout simplement parce que si certain-es déploient leur connexion avec le subtil dans des vies relativement structurées et arrivent à "faire quelque chose" de cette connexion (artiste, thérapeute, enseignant...), d’autres étouffent complètement leurs capacités subtiles qui, du coup, se retournent contre eux dans les substances.

Cet appel intense et vrai vers le Tout Autre évolue alors vers une addiction sans laquelle il devient extrêmement dur de tenir debout parce sans cet "espace" (même ultra-toxique), la personne n’arrive tout simplement pas à respirer. Je ne dis pas que c’est le cas de tous les consommateurs de drogue évidemment, mais je parle ici de mon vécu et des accompagnements que j’ai pu faire avec ces questions.

Alors, la conférence Tedx Graham Hancock pose le problème suivant : toutes les traditions parlent des états de conscience modifiés avec ou sans prise de plante pour accéder à la Conscience, assimilant ces plantes à "l’arbre de vie" mais aujourd’hui, dans notre monde occidental soit-disant rationnel, raisonnable et scientifique, nous bannissons ces pratiques, nous rions des rêveurs, nous croyons pas qu’une plante puisse nous élever et nous valorisons la détente procurée par l’alcool, l’excès de sucre et la prise de médicaments (souvent à vie) pour soigner ou atténuer toute une palette d’états plus ou moins dépressifs.

Ainsi, l’accès traditionnel à la Conscience est barré et les religions d’Etat finissent souvent le travail en dénaturant largement l’essence de leur message originel. Il est du coup bien normal que la méditation comme porte d’accès à la Conscience s’implante fortement en Occident depuis les années 1970. Car, comme le dit justement le conférencier, il y a une forme de guerre contre la Conscience à l’oeuvre, guerre créée par... nous... par nos pensées, par notre croyance en notre peu de puissance et en notre séparation d’avec la Conscience. Et si le monde est une co-création collective alors on peut être "fiers" d’avoir créé un monde illustrant parfaitement nos dépendances à la peur, au manque, à la souffrance, etc.

Graham Hancock a fumé du shit pendant des dizaines d’années et il a fait tout un tas d’expériences. Moi je n’ai jamais rien fumé ni pris d’autre que du tabac à une époque et pourtant je sais, je sens qu’il dit juste parce que je vis une expérience d’accès à la Conscience, sans plante, sans substance, sans tambour, sans rien d’autre que mon amour de la vie qui est une forme de foi, et qu’est-ce que cette expérience si ce n’est la non-séparation, le "tout est lié" à l’oeuvre ?

Alors, pas question évidemment de dire "continuez les substances", ou "foncez sur les plantes hallucinogènes" mais juste, ralentissez, regardez : qu’est-ce qui cherche en vous ? Qu’est-ce qui va réellement nourrir votre quête ? Et, une fois ce besoin vu, une fois l’essence du tragique des addictions mise dans la lumière de l’amour que vous êtes alors quelle grâce de voir que vous allez pouvoir vous construire l’environnement nourricier dont vous avez besoin, sans dépendance, pour devenir le voyant, le soignant, l’écoutant que vous êtes.

Parce que si le monde est une co-création collective et si on peut être "fiers" d’avoir créé un monde illustrant parfaitement nos dépendances à la peur, au manque, à la souffrance, etc., on peut être certains qu’on peut co-créer un monde illustrant notre confiance dans la présence, l’altruisme, l’abondance, etc.

On va y arriver. J’en suis certaine.

Tableau de G. Klimt, L’arbre de vie.