17 questions pour l’avenir immédiat, proche et futur, et quelques éléments de réponse

De Eva Wissenz, 28. janvier 2019

 

1. Dans quel monde veux-tu vivre ?
Le sais-tu seulement ?
Prends un papier, écris ce qui compte pour toi.
Sers et vis ces valeurs chaque jour, dans tout ce que tu fais et tu vivras dans le monde dans lequel tu vœux vivre.

2. Que faire ?
Nous sommes tous et toutes appelé-es à agir pour vivre nos convictions, notre désir de justesse, d’équilibre et de vie.
Pas mollement.
Nous devons agir, et vite si possible, et intensément, avec courage, persévérance et force, tout en sachant qu’aucun d’entre nous ne peut avoir le moindre impact sur le mouvement lent des planètes, des pierres, des plantes, sur le cycle de la vie, de l’air, de l’eau, des récoltes, des océans et des forêts.
Un seul, c’est pas vraiment lourd.
Ensemble, nous réduirons l’impact négatif de certains activités humaines sur les cycles de l’air, de l’eau, des récoltes, des océans et des forêts.
Ensemble, nous impacterons les marchés financiers.
En ce qui concerne les affaires humaines, chaque humain-e peut agir.

3. Quelle est l’urgence ?
Elle est absolue.
Il s’agit de renouer avec nos aptitudes bienveillantes et protectrices.
Il s’agit de protéger la vie, à commencer par la tienne.

4. Et l’état d’urgence alors ?
Il est bien réel, mais pas forcément là où on le croit – ce qui ne nie en rien la réalité atroce des séries d’attentats et de violences qui ont frappé l’Europe ces derniers mois mais invite à une vision plus large. Je renvoie à tout le travail de Naomi Klein et John Perkins.

5. Est-ce qu’il y a des exceptions ?
Non.
Nous sommes tous frappés.
Nous sommes tous pieds et poings liés à notre dépendance à des entreprises pour assurer nos besoins vitaux.
Ceci n’est pas la liberté.

6. Que peuvent la paix et la non-violence face à la violence, la guerre et la corruption ?
Les guerres n’ont que des perdants. Elles saignent les peuples et détruisent les solutions.
Nous sommes les solutions et nous voulons vivre.
Nous sommes LA solution dès lors que nous choisissons la vie.
La paix, l’éducation à la paix et à la bienveillance, en soi, autour de soi, c’est le choix de la vie.
C’est la possibilité d’un futur commun pacifié et paisible.

7. Quelle liberté est à défendre ?
Avec suffisamment d’argent, en France, nous nous considérons comme libres.
Libres de partir en vacances, de s’acheter des robes, des chaussures, des sacs, des i-pad, des trucs et des machins.
On parle d’autre chose et c’est à toi de définir la liberté que tu veux incarner.

8. Qui est responsable ?
Toi.
Tout le temps.
Et c’est pas hyper-confortable mais c’est ainsi.

9. Comment ça moi ? C’est pas le Président ? Le Parlement Européen ? Le Maire ?
Non, c’est toi parce que tu peux choisir tout le temps et t’en tenir à tes choix. Qu’est-ce que tu choisis ?

10. Tout semble tellement complexe, c’est décourageant ?
La complexité fait partie de la vie. Si tu prends l’exemple d’un bébé, c’est assez complexe comme truc à créer et on ne comprend pas tout. C’est pas grave de pas tout comprendre parce que souvent en voulant comprendre on veut juste maîtriser et retarder l’action. Ce qu’il faut saisir en revanche c’est qu’il y a une forme de complexité qui génère du découragement et qui devient alors très toxique : par exemple la complexité du système des impôts ou des produits financiers qui sont faites pour déposséder les gens de leur capacité de compréhension, et donc d’action. Il faut revenir à des réflexes simples, des moyens de production simples, s’autoriser à ressentir et accorder foi au ressenti, et le courage revient.

11. Est-ce qu’on a encore le temps ?
Le temps est une fiction.
Dans la mesure où des éco-systèmes qui ont mis des milliers d’années à s’élaborer sont percutés par la somme des nos actions humaines toxiques, il faut à la fois agir vite et dans une relation au temps à long terme.

12. Que faire de mon découragement, de ma tristesse… ?
Te dire que c’est normal de la vivre : c’est parfaitement déprimant. Mais souviens-toi qu’à chaque fois que tu dis que c’est pas possible d’aller dans le mur à ce spoint, qu’on ne peut rien faire, que ça a toujours été comme ça et que ça ne changera jamais, alors le système gagne.

13. Tu as peur, toi ?
Tu m’étonnes.
Mais de moins en moins.
 :-)

14. Je commence par où ?
Arrête de flipper.
Arrête d’alimenter le cauchemar.
On commence par changer là où on est touché.
Son assiette. Son travail. Son cercle humains. Son éducation. Sa santé. Ses informations. Ses lectures. Ses croyances. Sa vie.

15. Franchement, j’ai des doutes…
Super !
Aiguise-les bien. On est des pros du scepticisme en France alors tu peux vraiment t’appuyer sur une tradition hyper-solide. Plonge dedans, fais tes enquêtes, et on se retrouve à la sortie, à mon avis sur pas mal de points communs.

16. Et l’espoir ?
Dans Ceux qui sèment – Graines de résistance, l’auteur, Janisse Ray, nous parle du hold-up en cours sur l’alimentation, et elle a un chapitre très fort sur l’espoir : sachant ce qu’elle sait, est-ce qu’elle en a de l’espoir ? Est-ce que c’est utile au fond ? Je partage complètement sa conclusion que non. C’est comme le temps. Ce sont des fictions auxquelles nous avons pris l’habitude d’accorder bien trop d’importance. Demande plutôt : Et l’amour ?

17. Et l’amour alors ?
Quoi qu’il arrive reste amoureux, garde cet espace vivant et vibrant intact, tout est là.

Eva Wissenz, mars 2016 (révision janvier 2019)