Il n’y a pas d’autre choix que celui de la vie

De Eva Wissenz, 7. novembre 2015

 

« Une phrase toute simple de Borges : "Si je pouvais vivre ma vie à nouveau j’essaierais de commettre davantage d’erreurs (…) Je prendrais très peu de choses vraiment au sérieux. Je me détendrais davantage (…), entreprendrais plus de voyages, regarderais plus de couchers de soleil, nagerais dans plus de rivières (…)", cette phrase simple ne peut me servir d’appui car il faut maintenant tout prendre au sérieux quand dans les rivières les résidus de glyphosate changent le sexe des poissons, et Rilke ne m’est plus rien non plus quand il me parlait d’amour dans sa septième Lettres à un jeune poète car les jeunes hommes sont pleins de faux désir et de pornographie, et Gauguin ne me dit plus rien avec son bras d’honneur à la société lui qui partit peindre dans le Pacifique avant que sa beauté n’en soit pulvérisée par des essais nucléaires et que des îles s’y engloutissent bientôt dans l’indifférence générale. »

Extrait de mon dernier livre, paru aux éditions du Loup dans la véranda, coll. Loup vert, octobre 2015.